- LA FAYETTE (marquis de)
- LA FAYETTE (marquis de)LA FAYETTE MARIE JOSEPH PAUL ROCH YVES GILBERT MOTIER marquis de (1757-1834)Héros de trois révolutions: celle d’Amérique, celle de 1789, celle de 1830, La Fayette est issu d’une vieille famille noble d’Auvergne, et participe à la guerre d’Indépendance de l’Amérique. À son retour en 1779, héros du jour, il s’efforce d’allier la grâce aimable d’un grand seigneur d’Ancien Régime à une simplicité toute républicaine rapportée d’Amérique. À l’Assemblée des notables en 1787, il conseille l’adoption de l’édit sur les protestants. Un des principaux animateurs de la Société des Trente, il est élu député de la noblesse d’Auvergne aux États généraux et nommé, le 15 juillet 1789, commandant général de la milice parisienne, à laquelle il donne le nom de garde nationale et la cocarde tricolore, dont il est l’inventeur. Partisan du veto suspensif pour le roi et du bicamérisme, il devient après les journées d’octobre 1789 le personnage le plus considérable de France, le «maire du palais», dira Mirabeau. La fête de la Fédération le 14 juillet 1790 marque l’apothéose de sa carrière révolutionnaire. Mais son esprit manque de profondeur et son caractère, de décision: il subit plus les événements qu’il ne les dirige, veut défendre la Révolution à la fois contre les aristocrates et contre les sans-culottes, qui, eux, souhaiteraient des décisions plus radicales, et anime avec Bailly et Condorcet la très modérée Société de 1789. Pour assurer le maintien de l’ordre, il fait voter la loi martiale et il s’imagine que le roi et la cour accepteront l’œuvre de la Constituante. Après la fuite à Varennes en 1791, il fait admettre, avec Barnave, Duport et les Lameth, la fiction de l’enlèvement, puis tire sur le peuple lors de la manifestation républicaine du Champ-de-Mars le 17 juillet 1791, ce qui lui enlève toute popularité. À la déclaration de guerre le 20 avril 1792, il reçoit le commandement de l’armée du Centre, mais il entre en négociation avec les Autrichiens et, après le 20 juin 1792, il menace de faire marcher son armée sur Paris si de nouvelles atteintes sont portées à la majesté royale. Décrété d’accusation le 19 août 1792, il passe dans le camp autrichien, mais il est gardé prisonnier jusqu’en 1797. N’ayant joué aucun rôle pendant la période napoléonienne, il se rallie aux Bourbons en 1814. Lors des Cent-Jours, il refuse la pairie, mais se fait élire député de Seine-et-Marne, devient vice-président de la Chambre, puis participe, avec Fouché, à la déchéance de l’Empereur. Élément actif de l’opposition libérale sous la seconde Restauration, il entre dans la conspiration groupant des bonapartistes et les républicains de la société des Amis de la vérité qui voulaient s’emparer du pouvoir par un coup de force prévu pour le 19 août 1820; il participe également au premier complot de la charbonnerie en décembre 1820 et proteste contre l’expédition d’Espagne en 1822-1823. En juillet 1830, il retrouve sa popularité de 1789-1790. Les révolutionnaires lui eussent, volontiers, offert la présidence de la République, mais il se rallie à la solution orléaniste, intronise Louis-Philippe au balcon de l’Hôtel de Ville, reçoit de nouveau le commandement de la garde nationale, mais se laisse jouer par Louis-Philippe, qui, pour se débarrasser de «mylord protecteur», l’amène à démissionner de son commandement à la fin de décembre 1830. Il ne cessera, dès lors, jusqu’à sa mort, de condamner l’évolution rétrograde du régime de Juillet.
Encyclopédie Universelle. 2012.